Lauréat.e.s et prix spéciaux
Francesca Chamberland, lauréate
Sa mère Nicoletta Massone œuvrant elle-même dans l’industrie, Francesca Chamberland est élevée dans les costumes. Jeune, elle ne veut pas travailler en cinéma et s’inscrit plutôt au baccalauréat en criminologie. Or, pour payer ses études, sa mère la fait travailler sur des plateaux. Son premier contrat d’habilleuse? Les cérémonies d’ouverture et de fermeture des Jeux olympiques de 1976, rien de moins!
Après ses études universitaires, elle fait un stage au Tribunal de la Jeunesse. « J’ai trouvé l’expérience trop difficile. Je me suis alors dit : O.K., je reste en cinéma un an et si ça marche bien, je continue. Et ça fait plus de quarante ans que j’y suis… » Sûre de son choix, elle suit un cours de haute couture à l’École Cotnoir Caponi pour se perfectionner. Pendant ses quinze années comme habilleuse, elle travaille beaucoup, et avec rigueur, avec les principaux créateurs et créatrices de costumes de Montréal : Louise Jobin, Michèle Hamel, Renée April, sa mère, etc. Elle adore l’ambiance des tournages, les équipes de production sont des familles tissées serré.
À la fin des années 80, devenue elle-même mère, elle décide de se consacrer à la création, ce qui lui procure des horaires de travail plus réguliers. Au début, elle œuvre sur des tournages américains mais après un certain temps, elle n’éprouve plus de plaisir sur ces vastes plateaux, car elle manque de bons rapports humains; elle se tourne alors vers les productions d’ici. Elle fait notamment la création de costumes du pilote (et de la dernière série!) de Lance et compte; elle collabore également avec Roger Cantin sur les deux Matusalem, qui lui ouvre une porte extraordinaire : celle de l’imagination…
Au cours de sa carrière, Francesca Chamberland privilégiera les collaborations à long terme avec les mêmes réalisateurs : « Quand j’ai lu le scénario des Pays d’en haut, j’arrivais quasiment pile dans tous les premiers choix de casting du réalisateur tellement je connaissais sa façon de penser. J’aime cette complicité qui se développe au fil des projets. C’est pourquoi lorsqu’un réalisateur ne me rappelle pas pour travailler sur son prochain projet, je vis ça comme une peine d’amour… »
Francesca Chamberland a obtenu le prix Génie 2007 de la meilleure conception de costumes pour Maurice Richard; en 2016, elle a remporté le Prix Iris de la conception de costumes pour le film Chasse-Galerie : La légende. Aux Prix Gémeaux, elle a gagné la statuette dans la catégorie « Meilleur création de costume : toutes catégories » en 2008 pour Les Lavigueur, la vraie histoire et, en 2016 et en 2019 avec la série Les Pays d'en Haut. En 2021, elle remporte le prix Iris des meilleurs costumes pour Le Club Vinland. À ce jour, elle a fait la création de costumes sur plus de cent productions. « J’aime mon équipe et mon plus grand fan, c’est mon chum; ce sont eux qui me donnent l’énergie de continuer. Je ne suis donc pas à la veille de prendre ma retraite... »
L’Académie tient à souligner au public et à l’industrie, le travail, l’accomplissement et l’apport remarquables d’un.e artisan.e. Ce prix honore un.e créateur.trice pour l’ensemble de sa carrière et son engagement dans l’industrie canadienne francophone télévisuelle ou numérique. Cette année, pour ses réalisations et sa contribution, le prix est décerné à Francesca Chamberland.
Il.elle.s ont dit...
Sophie Deschênes
Présidente et productrice
PRODUCTIONS SOVIMAGE
« Quand je pense à Francesca, ce sont les mots talentueuse, généreuse, créative et rassembleuse qui me viennent spontanément à l’esprit. Créer un costume, c’est saisir l’âme d’un personnage, lui donner une posture, une personnalité, une vie au premier coup d’œil, et Francesca à un talent fou pour tout ça. Cet hommage est plus que mérité. »
Louis Choquette
Réalisateur
« Ce qui caractérise cette grande dame de la création de costumes, c’est l’équilibre parfait entre la profondeur artistique, l’efficacité et la gentillesse. Elle n’a pas son pareil pour comprendre un personnage et traduire sa personnalité à coup de couleurs, de textures, de choix de tissus et de juxtaposition de vêtements. Francesca, et ce n’est pas donné à tout le monde, devine le sentiment de l'acteur et sait l'accompagner dans la création de son personnage. »
Yan Lanouette Turgeon
Réalisateur et scénariste
« Francesca, c’est le rouge dans un paysage d’hiver, le bleu dans un désert; c’est un tricot pour réconforter, du cuir quand il faut puncher; c’est le talon aiguille de la précision, le running shoe de la patine; c’est la ceinture qui tient la barre haute et le nœud papillon qui nous permet de voler… Francesca, c’est d’abord et avant tout un sourire qui porte bien son chapeau… »